Facta Ficta

vitam impendere vero

Nietzsche thinking

[MA-30]

Mauvaises habitudes de raisonnement

Les conclusions erronées les plus habituelles à l’homme sont celles-ci: une chose existe, elle a une légitimité. En ce cas l’on infère de la capacité de vivre à l’adaptation à une fin, de l’adaptation à une fin à sa légitimité. Ensuite: une opinion est bienfaisante, donc elle est vraie; l’effet en est bon, donc elle est elle-même bonne et vraie. En ce cas l’on applique à l’effet le prédicat: bienfaisant, bon, au sens d’utile, et l’on dote alors la cause du même prédicat: bon, mais ici au sens de valable logiquement. La réciproque de ces propositions est: une chose ne peut pas s’imposer, se maintenir, donc elle est injuste; une opinion tourmente, excite, donc elle est fausse. L’esprit libre, qui n’apprend à connaître que trop fréquemment ce qu’a de vicieux cette façon de raisonner et à souffrir de ses conséquences, cède souvent à la tentation séduisante de faire les déductions contraires, qui d’une manière générale sont naturellement aussi erronées: une chose ne peut pas s’imposer, donc elle est bonne; une opinion cause de la détresse, de l’inquiétude, donc elle est vraie.