[MA-242]
Education miraculeuse
L’intérêt de l’éducation n’acquiert une grande force que du moment où l’on abandonne la foi en un Dieu et sa providence: tout comme l’art de guérir n’a pu fleurir que lorsque cessa la foi aux cures miraculeuses. Jusqu’aujourd’hui tout le monde croit encore à l’éducation miraculeuse: du plus grand désordre, fins obscures, circonstances défavorables, on a bien vu grandir les hommes les plus féconds, les plus puissants: comment cela pourrait-il se faire à l’état normal? — Aujourd’hui l’on va bientôt regarder de plus près même ces cas-là, les examiner plus soigneusement: on n’y découvrira jamais des miracles. Dans des conditions égales, nombre d’hommes périssent continuellement, l’unique individu sauvé en est devenu d’ordinaire plus fort, parce qu’il a supporté ces circonstances fâcheuses grâce à une force innée indestructible et y a encore trouvé pour cette force exercice et accroissement: ainsi s’explique le miracle. Une éducation qui ne croit plus au miracle aura à prendre garde à trois choses: premièrement combien d’énergie est héritée? deuxièmement, par où peut encore être allumée une nouvelle énergie? troisièmement, comment l’individu peut-il être approprié à ces exigences si multiples de la culture, sans qu’elles se troublent et dissolvent son unité? — bref, comment l’individu peut-il être initié au contrepoint de la culture privée et publique, comment peut-il à la fois suivre la mélodie et, comme mélodie, lui donner un accompagnement?