[MA-287]
Censor vitæ
L’alternance de l’amour et de la haine distingue pour longtemps l’état intérieur d’un homme qui veut être libre dans son jugement sur la vie; il n’oublie rien et met tout au compte des choses, bon et mauvais. À la fin, lorsque toute la table de son âme est couverte des notes de l’expérience, iln’aura plus pour l’existence de mépris et de haine, ni non plus d’amour, mais il résidera au-dessus d’elle, tantôt avec un regard de joie, tantôt avec un regard de deuil, et, pareil à la nature, aura dans la pensée tantôt l’été, tantôt l’automne.