Facta Ficta

vitam impendere vero

Nietzsche thinking

[MA-459]

Nécessité d’un droit arbitraire

Les juristes disputent si c’est le droit le plus complètement, approfondi par la réflexion ou bien le plus aisé à comprendre qui doit triompher chez un peuple. Le premier, dont le modèle éminent est le droit romain, semble au profane être incompréhensible, et partant n’être pas l’expression de son sentiment du droit. Les droits populaires, par exemple les droits germaniques, étaient grossièrement superstitieux, illogiques, en partie absurdes, mais ils répondaient à des mœurs et à des sentiments nationaux héréditaires très déterminés. — Mais là où le droit, comme chez nous, n’est plus, une tradition, il ne peut être qu’un impératif, — qu’une contrainte; — nous n’avons plus, tant que nous sommes, de sentiment du droit traditionnel, et par conséquent nous devons nous contenter des droits arbitraires, expressions de cette nécessité, qu’il faut qu’il y ait un droit. Le plus logique est alors en tout cas le plus acceptable, parce qu’il est le plus impartial: même si l’on accorde que dans tous les cas l’unité la plus petite dans le rapport de délit à peine est posée arbitrairement.