Facta Ficta

vitam impendere vero

Nietzsche thinking

[MA-VM-183]

Ce n’est pas sans peine que l’on est soldat de la culture

Enfin, enfin l’on apprend ce dont l’ignorance vous causait un si grand tort au temps où l’on était jeune: qu’il faut d’abord faire ce qui est parfait et ensuite rechercher ce qui est parfait, quels que soient l’endroit où cette perfection se trouve et le nom sous lequel elle se cache; que, par contre, il faut éviter tout ce qui est mauvais et médiocre sans le combattre, et que le doute au sujet de la qualité d’une chose — tel qu’il naît rapidement avec un goût quelque peû exercé — peut nous servir d’argument contre cette chose, et de motif pour l’éviter complètement: au risque de nous tromper quelquefois et de confondre le bien difficilement abordable avec le mauvais et le médiocre. Seul celui qui ne sait rien faire de mieux doit s’attaquer aux turpitudes du monde, en soldat de la culture: mais ceux qui doivent entretenir la culture et répandre ses enseignements se nuisent à eux-mêmes s’ils demeurent les armes à la main et transforment, par leur vigilance, leurs gardes de nuit et leurs mauvais rêves, la paix de leur vocation et de leur foyer en une inquiétude belliqueuse.