Facta Ficta

vitam impendere vero

Nietzsche thinking

[MA-WS-149]

Sébastien Bach

Lorsque l’on n’écoute pas la musique de Bach en connaisseur accompli et sagace du contre-point et de toutes les manières du style de la fugue, lorsque l’on se prive ainsi d’une véritable jouissance artistique, on l’écoutera tout autrement, avec l’état d’esprit d’un homme (pour employer avec Gœthe une expression magnifique) qui eût été présent au moment où Dieu créa le monde. C’est-à-dire que l’on sentira alors qu’il y a là quelque chose de grand qui est dans son devenir, mais qui n’est pas encore: notre grande musique moderne. Elle a déjà vaincu le monde en remportant la victoire sur l’Église, les nationalités et le contre­point. Dans Bach il y a encore trop de christianisme cru, de germanisme cru, de scolastique crue; il se trouve au seuil de la musique européenne (moderne), mais de là il tourne son regard vers le moyen âge.