Facta Ficta

vitam impendere vero

Nietzsche thinking

[MA-WS-83]

Sauveur et médecin

Le fondateur du christianisme, en tant que connaisseur de l’âme humaine, n’était pas, comme il va de soi, à l’abri des plus graves défauts et des plus grands préjugés, et, en tant que médecin de l’âme, il s’était adonné à une science décriée et grossière, celle de la médecine universelle. Il fait songer parfois, dans sa méthode, à ce dentiste qui veut guérir toutes les douleurs en arrachant la dent; c’est le cas, par exemple, quand il lutte contre la sensualité avec le conseil: « Si ton œil te scandalise, arrache-le. » — Mais il y a pourtant une différence: le dentiste atteint du moins son but, supprimer la douleur de son malade, bien que ce soit d’une manière si grossière qu’il en devient ridicule: tandis que le chrétien qui obéit à de semblables conseils et qui croit avoir tué sa sensualité, se trompe: car celle-ci continue à vivre d’une façon mystérieuse et vampirique et elle le tourmente sous des déguisements répugnants.