Facta Ficta

vitam impendere vero

Nietzsche thinking

[MA-21]

Victoire conjecturale du scepticisme

Qu’on admette un peu le point de départ sceptique: supposé qu’il n’existe pas un autre monde, métaphysique, et que toutes les explications fournies par la métaphysique de l’unique monde connu de nous soient pour nous inutilisables, de quel œil verrions-nous alors les hommes et les choses? C’est là chose dont on peut penser qu’elle est utile, même au cas où la question de savoir si quelque donnée métaphysique a été scientifiquement prouvée par Kant et Schopenhauer, serait une bonne fois écarté. Car il est fort possible, selon la vraisemblance historique, que les hommes deviennent un jour en grande généralité sceptiques à cet égard; alors se pose par conséquent cette question: Comment la société humaine,sous l’influence d’une telle conviction, se comportera-t-elle alors? Peut-être la preuve scientifique de quelque monde métaphysique que ce soit est-elle déjà si difficile que l’humanité ne viendra plus à bout d’une méfiance à son égard. Et si l’on a de la méfiance à l’égard de la métaphysique, il en résulte en gros les mêmes conséquences que si elle était directement réfutée et qu’on n’eût plus le droit de croire en elle. La question historique touchant une conviction non métaphysique de l’humanité reste la même dans les deux cas.