Facta Ficta

vitam impendere vero

Nietzsche thinking

[MA-446]

Question de puissance, non de droit

Pour des hommes qui en toute chose considèrent l’utilité supérieure, il n’y a pas dans le socialisme, au cas où il serait réellement le soulèvement des hommes opprimés, abaissés durant des siècles contre leurs oppresseurs, un problème de droit (comprenant celte question ridicule: « dans quelle mesure doit-on céder à ses exigences? »), mais seulement un problème de puissance (« dans quelle mesure peut-on céder à ses exigences? »); c’est par conséquent comme s’il s’agissait d’une force naturelle, par exemple de la vapeur, qui ou bien est contrainte par l’homme à le servir, comme un génie des machines, ou bien, lorsqu’il y a des fautes dans la machine, c’est-à-dire des fautes de calcul humain dans sa construction, met en pièces la machine et l’homme en même temps. Pour résoudre cette question de puissance, il faut savoir quelle est la force du socialisme, sous quelle forme, dans le jeu actuel des forces politiques, il peut être utilisé en qualité de ressort puissant; dans certaines conditions, il faudrait même tout faire pour le fortifier. L’humanité doit, à propos de toute grande force — fût-ce la plus dangereuse — penser à s’en faire un outil pour servir ses desseins. — Pour que le socialisme acquière un droit, il faut d’abord qu’on paraisse en être venu à la lutte entre les deux puissances, les représentants de l’Ancien et du Nouveau, mais qu’alors le calcul prudent des chances possibles de conservation et d’utilité chez les deux parties fasse naître le désir d’un contrat. Sans contrat, point de droit. Jusqu’à présent il n’y a sur ce terrain ni guerre ni contrats, par conséquent aussi pas de droit, pas de « devoir ».