Facta Ficta

vitam impendere vero

Nietzsche thinking

[MA-WS-20]

Ne pas confondre

Les moralistes qui traitent des sentiments grandioses, puissants et désintéressés, par exemple chez les héros de Plutarque, ou bien de l’état d’âme pur, illuminé, ardent chez les êtres vraiment bons, comme on traiterait un sévère problème de la connaissance et qui rechercheraient l’origine de ces sentiments et de ces états d’âme, en montrant ce qu’il y a de compliqué dans une apparente simplicité, en envisageant l’enchevêtrement des motifs, à quoi se mêle le fil ténu des illusions idéales et des sensations individuelles et collectives transmises de loin et lentement renforcées, — ces moralistes diffèrent le plus de ceux avec qui on les confond le plus souvent: les esprits mesquins qui ne croient pas du tout à ces sentiments et à ces états d’âme et qui pensent cacher leur propre misère derrière l’éclat de la grandeur et de la pureté. Les moralistes disent: « il y a là des problèmes », et les gens mesquins disent: « il y a là des imposteurs et des duperies »: ils nient donc tout simplement l’existence de ce que ceux-là s’appliquent à expliquer.