[MA-WS-24]
Pour juger le criminel et son juge
Le criminel qui connaît tout l’enchaînement des circonstances ne considère pas, comme son juge et son censeur, que son acte est en dehors de l’ordre et de la compréhension: sa peine cependant lui est mesurée exactement selon le degré d’étonnement qui s’empare de ceux-ci, en voyant cette chose incompréhensible pour eux, l’acte du criminel. — Lorsque le défenseur d’un criminel connaît suffisamment le cas et sa genèse, les circonstances atténuantes qu’il présentera, les unes après les autres, finiront nécessairement par effacer toute la faute. Ou, pour l’exprimer plus exactement encore: le défenseur atténuera degré par degré cet étonnement qui veut condamner et attribuer la peine, il finira même par le supprimer complètement, en forçant tous les auditeurs honnêtes à s’avouer dans leur for intérieur: « Il lui fallut agir la façon dont il a agi; en punissant, nous punirions l’éternelle fatalité. » Mesurer le degré de la peine selon le degré de la connaissance que l’on a ou peut avoir de l’histoire d’un crime, — n’est-ce pas contraire à toute équité?