[MA-265]
La raison dans l’école
L’école n’a pas de plus important devoir que d’enseigner la pensée sévère, le jugement prudent, le raisonnement conséquent: elle doit donc faire abstraction de toutes les choses qui n’ont pas de valeur pour ces opérations, par exemple de la religion. Elle peut compter que l’humaine confusion, l’accoutumance et le besoin ne manqueront pas plus tard de détendre l’arc de la pensée trop roide. Mais tant que son influence s’exerce, elle doit arriver à produire ce qui est le plus essentiel et le plus caractéristique dans l’homme: « Raison et science, la plus élevée de toutes les forces humaines » — du moins au jugement de Gœthe. — Le grand naturaliste von Baer trouve la supériorité de tous les Européens sur les Asiatiques dans la capacité acquise par éducation de pouvoir donner des raisons de tout ce qu’ils croient, ce dont les autres sont totalement incapables. L’Europe est allée à l’école de la pensée conséquente et critique, l’Asie ne sait toujours pas distinguer entre la vérité et la poésie et ne se rend pas compte si ses convictions dérivent de l’observation propre et du raisonnement normal ou de l’imagination. — C’est la raison dans l’école qui a fait que l’Europe est l’Europe: au moyen-âge, elle était en train de redevenir une province et une annexe de l’Asie, — par conséquent de perdre le sens scientifique qu’elle devait à la Grèce.